Steves Hounkponou

Olivier Dacourt : l’homme derrière le footballeur

Steves

Aujourd’hui, il est réalisateur, il fait des documentaires inspirants. Il est aussi consultant, il est dans le sport. Il a été footballeur à très haut niveau puisqu’il a joué en équipe de France. Il est dans très peu de médias et je me sens vraiment honoré et plein de gratitude de pouvoir avoir la chance de pouvoir discuter avec lui. J’ai envie de vous présenter une personne qui marche sur l’eau, peu importe son nom, la carrière qu’il décide de faire. Et pourtant, il avait un cocktail d’excuses et il a décidé d’aller au delà. Olivier, merci d’être là.

Olivier Dacourt

Merci pour l’invitation

Steves

Merci à toi d’avoir accepté une invitation. Est ce que tu peux te présenter un peu ? J’ai envie de savoir qui es tu ? Mais en fait avant de dire tu sais, quelle vie avais tu avant quatorze ans ?

Olivier Dacourt

Moi j’ai grandi à Aulnay sous Bois, j’ai grandi à la cité Emmaüs et contrairement à toutes les idées reçues, j’ai une vie très heureuse parce qu’il y avait la solidarité, la fraternité où j’ai grandi. En tout cas, il y avait l’entraide. Tout le monde jouait avec tout le monde. Y avait pas trop de communautarisme comme on le voit de nos jours. Et c’est des super souvenirs.

Steves

Et tu avais des rêves déjà à quatorze ans, en terme de carrière en terme de métier ou pas du tout ?

Olivier Dacourt

Non parce que moi j’ai toujours voulu jouer au foot. Depuis que je suis tout jeune. Mon rêve, c’était de devenir footballeur professionnel.

Steves

Donc c’était déjà ton rêve. En fait.

Olivier Dacourt

Ça a toujours été mon rêve.

Steves

Comment ça s’est passé ? Du coup ? Tu peux me parler de ta carrière de footballeur ? Mais avant ça, c’est à dire que j’aimerais avoir le olivier que les gens ne connaissent pas. Quand est ce que tu commences ? Comment ça s’est passé ? Comment tu as pu t’intégrer ? T’as été repéré ?

Olivier Dacourt

Oui, c’est ça, j’ai été repéré par le centre de formation. Normalement pour y rentrer c’est quinze ans. Moi je suis arrivé à treize ans, donc j’étais d’abord en sport études et c’était très compliqué, c’était dur. On pense que c’est facile, il y en avait très peu. Moi, je devais normalement aller à Saint-Étienne. Saint-Étienne m’avait repéré, mais je devais intégrer le centre de formation de Saint-Étienne à quinze ans. Et à Strasbourg, on m’avait récupéré deux ans avant pour pas me laisser partir parce que je devais avoir pas mal de qualités, donc ils ont fait en sorte de me récupérer avant. Mais pour la petite histoire, ma mère voulait pas que je parte, mon père voulait pas du tout parce que c’est difficile de laisser partir son fils quand il a treize ans et c’est mon oncle qui a fait en sorte que je puisse partir. Le frère, le petit frère de ma mère qui est décédé un an après.

Steves

C’était c’était peut être sa mission sur cette terre.

Olivier Dacourt

Je sais pas si c’est une mission, mais en tout cas, en tout cas quand on parle du concept de résilience, moi je sais que je jouais pour moi et surtout je voulais le faire bien. Je suis assez calme, je suis très catholique et je prie le matin, le soir et je lui dis de toujours de me mettre sur la bonne route. Je lui demande de me donner la force de me protéger. Moi quand j’arrive à Strasbourg, il décède.

Steves

Comment tu réagis par rapport à ça ?

Olivier Dacourt

Machinalement, en fait, j’y crois pas. Je me tape la tête contre les murs parce qu’à l’époque, il n’y a pas de téléphone. Nous, au centre de formation, il y a juste un téléphone où on met des pièces et je me souviens comme si c’était hier parce que j’ai un oncle qui m’appelle et il m’avait jamais appelé. Et en plus il m’appelle par surnom. Il m’appelle jamais comme ça. Il m’appelait quand j’étais bébé, quand j’étais enfant, quand j’avais moins de cinq ans. Il m’appelait tous comme ça. Donc je me dis c’est quoi son problème ? Il me dit qu’il faut que je sois fort, il faut que je ne lâche rien. Et je comprends. Et là il m’annonce que mon oncle a eu un accident de voiture. C’est la première fois que j’affronte la mort directement en fait.

Steves

On est entré dans le vif du sujet. Je m’attendais pas que ça soit aussi. Je sais que ce sera intense, mais pas aussi intense. Tu continues et tu vas à Strasbourg.

Olivier Dacourt

Oui je commence à Strasbourg. Je suis en sport études et moi je fais le sport études à Strasbourg. Donc Strasbourg, c’est compliqué. Strasbourg les gens sont sont durs, c’est froid. Il n’y a pas beaucoup de blacks. C’est dur, et moi on m’appelle Schwarzkopf et Schwarzkopf pour ceux qui connaissent en allemand Schwarzkopf, c’est tête noire. Donc moi j’entendais quand j’allais jouer Schwarzkopf. Je réagissais pas, c’était comme ça et voilà quoi. Moi je viens d’Aulnay sous Bois, on ne nous a jamais fait de cadeau. Je me souviens quand avec le centre aéré, on allait à l’époque, c’était à quoi ? Grand Boulevard ? Je me souviens, on était déjà victimes de discrimination directe. Il y avait un vol, c’était nous, donc on était comme ça sur le côté, on était fouillés, on avait un maillot de bain. Mais c’est nous que l’on fouillait. J’ai été victime de ça. Ma mère m’a toujours dit que dans la vie on donnera jamais rien. Il faut aller le chercher. Et peu importe, ça c’est l’héritage de mes parents. Mais même si mes enfants ont grandi dans un environnement qui est différent à ça, je leur ai inculqué. On vous fera pas de cadeau. Il faut aller le chercher. On a rien sans rien et on et on récolte souvent ce qu’on consomme. Ça met du temps, mais le travail paie toujours.

Steves

Première leçon que je retiens le travail paie toujours. Je fais un parallèle. J’étais en formation à l’AJ Auxerre et j’ai pas fait carrière. J’étais au centre de formation d’Auxerre. En fait, j’ai été recruté du Bénin pour le faire et c’est là où on m’a décelé ma maladie génétique.

Olivier Dacourt

On parle, on parle du succès, mais on parle pas des échecs et il y a beaucoup plus d’échecs. Il y a 95% d’échecs, il y en a très peu qui réussissent et en plus ceux qui réussissent. On va nous montrer qu’il y a les Mbappé. Mais des Mbappé, il y en a un dans le monde

Olivier Dacourt

Il y en a un donc. Donc le plus important c’est de sait pas, c’est pas essayer de se dire qu’on va être Mbappé; Déjà celui qui fait une carrière, qui ferait une carrière professionnelle, qui aura la chance de jouer même en deuxième division, mais c’est déjà exceptionnel.

Steves

Et toi, qu’est ce qui a fait que tu as fait la carrière que tu as eu par rapport à d’autres ? Parce que tu dis que tu as vu passer des centaines de personnes ?

Olivier Dacourt

Déjà le talent (ahah). Après, il y a le sérieux. L’exigence, c’est des mots comme ça qu’on balance. Mais, mais c’est vraiment super important. Il y a l’entourage. On l’a vu récemment avec avec Paul Pogba, on choisit ses amis, pas sa famille, sa famille. Malheureusement, on hérite d’elle et quoi qu’il se passe, un ami qui nous trahi ou qui nous fait quelque chose, on peut le bannir de notre vie

Steves

Toi du coup après tu pars de Strasbourg

Olivier Dacourt

Oui après je pars, ça fait j’ai fait neuf ans à Strasbourg et et moi j’ai qu’une envie c’est de partir en Angleterre. Ok.

Steves

Pourquoi ?

Olivier Dacourt

Parce que j’avais le jeu pour et parce que mon monde, en termes de plan de carrière, moi je voulais progresser en fait. Et je dis toujours que si c’est pour ne pas progresser, ce n’était pas une question d’argent.

Steves

Ok.

Olivier Dacourt

Mais le but était de progresser professionnellement. L’argent, c’était vraiment c’était pas important dans mon plan de carrière. Dans mon plan de carrière, c’était progresser déjà professionnellement, pas l’argent. L’argent, ça, ça vient après, l’argent, c’est pas des choix. Alors que la plupart des gamins font des choix, les parents font des choix financiers. Pense pas à l’avenir du gamin. Se dire qu’en choisissant ce club, il aura plus de temps de jeu, il aura peut être on va lui donner moins d’argent, mais il va plus jouer s’il joue plus et s’il est bon. Tout l’argent inconsciemment qu’on pense qu’on a perdu parce qu’on a signé dans un grand club, on va le récupérer si on est très bon. Mais il faut avoir confiance en soi. Et moi, ça a toujours été moi. Je suis parti pour progresser. Je n’ai jamais quitté un club pour ne pas progresser. Moi, mon but, c’était ça. Et c’est à ce moment là que je suis parti pour Everton. Pour être honnête, j’avais pas les clubs Everton parce que c’était celui qui me recrute. C’est l’ancien entraîneur des Glasgow Rangers qu’on avait battu avec Strasbourg et parce qu’il y avait Gascogne et parce que j’avais fait une campagne européenne exceptionnelle. Et ils me prennent parce qu’ils ont un vrai projet et au bout d’un an, il y a des problèmes financiers. Finalement, ils sont obligés de me vendre. Ensuite je vais à Lens parce qu’ils jouent la Coupe d’Europe. On fait une demi finale de Coupe d’Europe. Et ensuite je pars pour le club de Leeds.

Steves

Pourquoi Leeds ?

Olivier Dacourt

Parce que c’était une équipe jeune ? Parce qu’elle était ambitieuse. Elle avait fait la demi finale de Coupe de l’UEFA comme moi avec Lance. Elle était qualifiée en Ligue des champions, donc on voyait que c’était une équipe qui était en train de monter. Elle fait demi finale de Coupe de l’UEFA et finit troisième du championnat. Il n’y a que des jeunes d’avenir. Et le discours, c’est de me dire que. Que je vais avoir un rôle très important. Être entre les deux. Il n’y a pas beaucoup d’anciens, mais on est un peu faire partie des les capitaines du navire. J’ai adoré. J’ai aimé vivre à Leeds. J’ai aimé l’ambiance qu’il y avait dans cette équipe. Il n’y a pas de groupe là. On a un groupe nous, entre nous et on se tient toujours. Récemment, je pour la cour des grands, pour un, pour Canal+, pour la Ligue des Champions. Je suis allé voir Rio Ferdinand et en fait c’est comme si je l’avais pas quitté. Pourtant ça fait plus de 20 ans et on est restés super connectés entre nous. On avait une ambiance extra que j’ai jamais vécue. On a rien gagné mais on est rentré dans le cœur des gens parce qu’on a fait une épopée qui reste exceptionnelle. Tout le monde en parle. Après, Leeds j’ai fait Rome parce que Rome c’est Fabio Capello. À l’époque, c’est le meilleur meilleur entraîneur. C’est l’un des meilleurs entraîneurs du monde. Et le fait qu’il veuille. Je sais que je vais progresser en tant que joueur de Rome. Je vais à l’Inter. Pourquoi l’Inter ? Parce que j’avais le Milan, j’avais la Juve et moi avant, avant d’arriver à l’Inter, je signais à la Juve. Signer au Milan. Gagner un titre, c’est normal. Sauf que l’Inter n’a pas gagné depuis 17 ans.

Steves

Donc c’est encore la volonté de rentrer dans l’histoire.

Olivier Dacourt

Rentrer dans l’histoire. Et pour la petite anecdote, on me demande mon numéro, je prends le quinze.

Orateur 3

Pourquoi ?

Olivier Dacourt

Parce que c’était le 15ᵉ titre. Et moi j’ai dit que quand j’allais arriver, on allait être champions. Petite anecdote, dans le stade, tout le monde avait le quinze championnat, quinze champions pour moi. Les gens ils savaient pas. Putain, les gens ils t’adorent. J’ai la famille des amis qui étaient venus, je voyais le quinze partout, ils t’adorent ici, t’as tout le monde à ton numéro, mais ils ne savaient pas que c’était le 15ᵉ titre et pas moi. J’adore cette petite histoire.

Steves

Hyper important l’image.

Olivier Dacourt

Il faut écrire l’histoire, pas qu’on vous la raconte. Il faut écrire son histoire et t’as ton histoire, j’ai la mienne. Moi je veux que tu racontes ton histoire, je veux que mes petits enfants, mes arrières petits enfants disent oui, mon grand père il a fait ci, il a fait ça et pas être dans l’attente. Parce que quand on est dans l’attente, ben il se passe rien. J’ai participé même à la création de l’Indian Super League, avec Anelka, Materazzi, Trezeguet.

Steves

Tu as participé à la création de l’Indienne ?

Olivier Dacourt

Ouais, c’est mon mémoire que j’ai fait aux CDS de Limoges. En fait, j’avais présenté ça et je m’en rappelle au jury m’avait dit que ce n’était pas possible, mais j’ai tout de même réussi à le faire en leur expliquant que c’était un projet. Si y a l’American Dream, pourquoi il n’y aurait pas de Indian Dream ? Là il commence un petit peu vaciller. C’est à ce moment que je leur ai dit «  Avec la mondialisation et la globalisation des tendances, pourquoi le foot n’arriverait pas en Inde ? Y’a Facebook et Instagram, il y a McDonalds, pourquoi le foot ne serait pas en Inde ? Et on avait eu un succès Après moi j’avais fait, c’était trois ans de ma vie, je faisais des aller retour et tout, mais ça avait été une expérience humaine fantastique et moi le. Et pour le coup, je n’ai pas gagné 1 €. Parce que dans mon esprit, c’était de faire ça pour les jeunes éduqués à travers le football. En fait, il y a toutes les valeurs universelles la solidarité, fraternité, la rigueur, le travail. Et je m’étais dit que j’allais gagner de l’argent bien plus tard, en créant, en faisant des écoles avec le sport. Et finalement, je ne suis pas resté. J’ai fait la première édition et j’ai arrêté parce que parce qu’il y a des choses qui me correspondaient pas.

Steves

Et du coup c’est le terrain de l’Inter Milan avant ça. Tu peux me dire pourquoi tu pars pour remporter le 15ᵉ titre ?

Olivier Dacourt

Derrière j’arrive à 30 ans, 31 ans, toujours pas champion. C’est chaud quoi, ça ? Et là, je me dis allez, je vais à l’Inter et et quand j’arrive il y a Ibrahimovic en même temps Vieira arrive et on a une équipe de martiens. Adriano devant, Kroos, Crespo Figo. Même à l’entraînement, ça fait peur. On a deux équipes et je suis persuadé que si on avait pu faire jouer les deux équipes on aurait fini premier et deuxième au deuxième rang, c’est sûr, il y avait Toledo d’un côté, Julio César, il y avait Maicon, il y avait Zanetti, Materazzi, il y avait Cordoba, Samuels en équipe de martien. Et là on gagne pas la Ligue des champions.

On se fait taper par Valence et on est persuadé qu’on va la gagner. Ah ouais ouais, on pensait qu’on était bien. Et finalement, comme quoi on peut empiler les joueurs, ça suffit pas. Mais j’ai fait trois ans avec l’Inter de Milan, on a été trois fois champions, on a gagné deux Supercoupe d’Italie et j’ai perdu encore deux finales de Coupe d’Italie. Donc en Italie, j’ai fait cinq finales de Coupe d’Italie, j’en ai perdu cinq. Et pour la petite anecdote, quand je suis à Rome, ils m’appelaient le chat noir. 

J’en perds une, la première contre le Milan et j’en perds deux contre l’Inter de Milan. Quand je vais à l’Inter de Milan, les deux que je perds, c’est contre Rome. C’est incroyable, non ? Et c’est comme ça. Mais après, je me rappelle le premier titre, c’était exceptionnel un club comme l’Inter de Milan. Je suis trois fois champion d’Italie avec l’Inter et Mourinho arrive. Je pense qu’il fait le bon choix parce qu’il met un coup de pompe et il gagne la Ligue des champions. Donc en termes de management, bah bravo, félicitations à lui. Mais et après j »ai fini au Standard de Liège parce que moi, ce qui était important, c’est les hommes.

Steves

Pourquoi le standard ?

Olivier Dacourt

Le standard ? Parce qu’il y avait un mec qui s’appelait Luciano D’Onofrio. J’avais commencé Limoges. En fait, mon contrat s’est arrêté le 30 juin. C’était le mois d octobre Université et ils ont un petit problème. Ils ont un blessé, ils m’appellent. Et le mec, j’avais toujours entendu parler de ce mec là, mais je le connaissais pas, j’ai jamais vu et en fait il m’a séduit et j’ai fait trois mois et après j’ai arrêté. En même temps, j’avais 35 ans et c’était l’aventure humaine. C’était une équipe qui était jeune et en fait quand je suis arrivé là bas parce que moi je voulais, c’était comment gérer un club au quotidien et lui m’a permis de regarder comment gérer un club au quotidien et en même temps de continuer à jouer au foot. Je l’ai fait pendant trois mois. Après, j’ai eu un problème relationnel avec l’entraîneur et j’ai arrêté en fait.

Steves

Et pour toi, qu’est ce qui a fait que vous n’avez pas gagné cette Ligue des champions avec une équipe de malade que vous aviez à l’Inter ? Aujourd’hui que le recul que tu as, tu penses que c’était quoi ? C’était les ego.

Olivier Dacourt

Oh oui, c’est sûr que c’est les egos oui. Mais les ego, c’est tout. Après la gestion, la gestion du groupe. Et puis à l’inter, il y avait que des hommes, des vrais. Après il y avait des clans ça c’était un peu difficile. Je pense aussi que c’est la gestion des émotions. On perd pas quand on se fait éliminer par Valence. Il y a une bagarre générale à la fin, mais on avait fait deux deux chez nous, on doit gagner quatre zéro et là bas on fait zéro zéro et on passe pas. Oui mais c’est comme ça, c’est dans la vie, faut pas avoir de pas avoir de regrets.

Il vaut mieux avoir des remords que des regrets, des remords on va au bout des choses. Et je dis toujours que mes enfants n’ayez pas de regrets, je préfère que vous ayez des remords, Vous allez au bout des choses faites au moins, vous savez que vous, vous avez fait tout, vous vous êtes donné les moyens pour accomplir ça. C’est pas ça, c’est pas fait ça, c’est pas fait, c’est comme ça. Mais dans la vie, c’est pas moi qui l’ai dit, hein. Dans la vie, on perd jamais, on apprend, on gagne.

Steves

Et pour toi, qu’est ce qui fait que t’as plein de footballeurs après leur carrière, qui arrêtent ou qui sont entraîneurs ? Ça se passe pas bien ou qui sont éducateur sportif ? Bref, la carrière que tu as aujourd’hui ? En fait, tu es réalisateur, tu fais des documentaires, à quel moment vient le twist ?

Olivier Dacourt

Et moi j’ai toujours été, on le voit un peu dans un dernier documentaire que j’ai réalisé avec Maxwell qui s’appelle Papa. Et pour tous ceux qui l’ont pas vu, c’est la différence. C’est la difficulté d’être le fils d’un grand champion. La difficulté, j’en parle. C’est dur d’être le fils d’un sportif. Parce que moi, mon fils, quand il a décidé de faire du foot, je ne voulais pas qu’il fasse de foot pour toutes ces raisons.

Steves

Pourquoi ?

Olivier Dacourt

Parce que je ne voulais pas qu’on fasse aucune comparaison. Parce que la comparaison était inévitable. Mais lui, il n’a rien demandé. Lui veut juste s’éclater avec ses copains. Mais même s’il veut s’éclater avec ses copains, il y a toujours un imbécile qui va dire Ah ouais, lui, il n’est pas comme son père.

Steves

Je pense que t’es aussi son modèle et peut être qu’il veut bien jouer au foot parce que son père l’inspire.

Olivier Dacourt

Mais moi en tant que père, je veux juste qu’il soit heureux et qu’il soit épanoui dans sa vie.Moi, ça ne change pas ma vie. Mais si il est footballeur ou pas footballeur, ça ne change pas ma vie du tout. En revanche, moi, je veux que mon fils, quand il y va, quand il s’éclate avec ses copains, j’ai pas envie qu’un imbécile soit à côté. Ah ouais, c’est sur que c’est pas son père. Il a pas besoin d’entendre ça. Mais en tout cas, mon fils aîné en a souffert. Le moyen aussi un petit peu parce qu’il voulait pas que je vienne. Mais c’est comme ça, c’est la vie. Le mec qui est on parle dans l’entrepreneuriat, on compare pas son fils, le mec qui est en train de construire sa boite, son fils qui a dix ans, on ne va pas dire ah ouais, t’es pas ton père toi. Avec avec plus tard, quand c’est des grandes réussites comme comme Bernard Arnault. Oui, quand ils vont avoir 20 ans, on va commencer peut être à dire ah ouais, et là il a les qualités intellectuelles, est ce qu’il est, il est aussi doué que son papa. On va faire la comparaison, mais bien plus tard. Et à 20 ans on a eu le temps de se construire à dix ans et pas construit. Mais. Mais pour revenir à la question moi. Dans le documentaire justement, on voit que j’ai une caméra. C’était il y a 20 ans. C’était il y a 22 ans. C’était il y a plus de 20 ans. Et dans « Papa », en fait, j’utilise les images que j’ai filmé il y a 20 ans où je suis en train de jouer au foot.

Steves

Ça me donne la chair de poule. Ce que tu me dis. On a changé le lit de mon fils là le week end dernier. Et en fait ma femme quand elle le couche, elle monte dans le berceau pour le mettre dedans. Et en fait à un moment elle m’a dit est ce que tu peux me filmer. Et du coup elle a montré comment elle faisait. Elle avait envie d’immortaliser ces moments là parce qu’on ne les aura plus bientôt. L’importance des souvenirs c’est simple mais si intemporel.

Olivier Dacourt

Parce que regarder les photos, on est toujours en train de prendre des photos. Moi, je sais que ma femme a fait un album photo où elle a les photos de nos enfants, donc tu peux regarder neuf mois, deux ans, trois ans, quatre ans. Tu vois l’évolution des fois je sais pas, je pense que j’ai peut être j’ai 8000 photos là dedans. Oui je les regarde mais je les ai pas. Je ne sais pas moi, dans 50 ans s’il y a des photos. Tu fais ton arbre généalogique ou que tu peux regarder, tu te dis Ah ouais, ça c’était mon grand père. Il y a une trace avec la. On évolue, hein. Le digital, il y a tout, mais on garde plus rien. Là, je perds mon portable et j’ai perdu toutes les photos que j’avais alors. Alors que pour moi c’était important de garder donc la réalisation. Moi je. Moi j’étais passionné d’art donc j’étais déjà particulier. Les gens me disent mais comment c’est possible et tout ? J’ai aucune idée, mais j’ai toujours été passionné d’art et j’aime raconter des histoires. Donc les documentaires, c’est raconter mon histoire et celle des autres. Et à un moment, si on veut être, si on veut que les gens soient honnêtes, si moi je veux que les sportifs soient honnête avec moi, moi je dois être honnête avec eux. C’est important. En fait, je peux pas leur demander des choses qu’ils ont jamais dite si moi déjà je cache la vérité. Je leur raconte pas mon histoire. Donc j’aime bien quand je fais un document, c’est raconter ce que j’ai vécu et en même temps je me nourris des autres. Le prochain s’appelle « Le Crépuscule du champion »  et c’est de parler de la difficulté quand on est sportif, quand on arrête sa carrière.

Steves

Merci pour la passe mais c’était ma prochaine question, ça fait quoi du coup d’arrêter sa carrière internationale ?

Olivier Dacourt

Ahah vous le verrez début janvier dans mon documentaire. Regarder mon documentaire, notre documentaire avec marc qui sort mi janvier sur Canal+.

Steves

Le documentaire qui sort mi janvier où tu veux en parler ? Ou tu peux donner un petit aperçu de toi. 

Olivier Dacourt

Mais moi, la différence probablement, contrairement à beaucoup, c’est que j’avais d’autres passions. J’étais passionné par autre chose. L’art me prenait beaucoup et j’étais passionné par cette. Et c’est peut être aussi une des raisons pourquoi. Très grands sont passionnés que par le football. Ils sont passionnés par leur métier. Je n’ai pas été un très grand. C’est parce que j’avais peut être d’autres passions.

Steves

En dehors du football tu veux dire ?

Olivier Dacourt

Ouais, en dehors du foot par exemple, je vais prendre Thierry Henry, il y a que le football qu’il vit pour ça. C’était incroyable. Les concessions, l’exigence, les sacrifices. Zidane, c’est pareil. Et moi, là dessus, où j’ai été ? Peut être plus. Et pourtant, j’ai été dur. Et pourtant j’en ai fait des concessions et des sacrifices. Mais je pense que pour arriver tout là haut. Il n’y a pas de secret. Peut être que aujourd’hui, mon après carrière s’est bien déroulé parce que aussi j’avais d’autres passions. Et le jour où j’ai arrêté, j’avais déjà commencé à meubler ma vie. Tout ne tournait pas autour du football. Et souvent, quand tout tourne autour du football, le jour où ça s’arrête c’est un nouveau monde. Les gens sont différents. Alors qu’est ce que je fais ? Et les journées sont longues. Il faut meubler sa vie pour avoir un statut social. C’est pas une question d’argent, c’est une question de : est ce que je suis utile ? Qu’est ce que je fais ?

Steves

Hyper intéressant. Donc si vous dis une chose ici c’est le travail et la passion.

Olivier Dacourt

La passion, c’est peut être que ce que je reproche à la nouvelle génération, c’est qu’ils sont pas passionnés par ce qu’ils font. Pas pas tout ça. Mais je le vois moi, dans le milieu, dans le football. Ils le font pour. Mais c’est tout ce qu’il y a côté, la belle voiture, l’argent. Et si. Et ça alors que le sens même, l’essence même, c’est la passion. Moi, même si on m’avait pas donné autant, même si on m’avait pas donné d’argent, j’aurais joué au foot. Il y a des gens qui jouent au foot, Moi je vois mon fils. Le deuxième, elle a 20 ans, il est passionné par le football. Il aime ça, il regarde les matchs.

Steves

Quel message passer aux jeunes qui nous écoute derrière.

Olivier Dacourt

Qu’est ce que je lui dirais ? Bah déjà, je lui dirais qu’il ne laisse jamais personne te dire que c’est pas possible ça déjà de base. La personne qui te dis c’est pas possible. Jeu essaies de rentrer par la porte, je vais rentrer par la fenêtre, ok. Deuxième point, les rencontres. Ça c’est important les rencontres. Mais le jour où il y a la rencontre, on a tous des rencontres, on a tous rencontré des gens et après c’est comment je vais me comporter, Est ce que j’ai les codes ? J’ai les codes, j’ai pas les codes, Est ce que j’ai envie d’apprendre ? Avant de réaliser, j’en ai fait des choses, j’ai fait des interviews. Après j’ai travaillé avec l’EICAR, l’école de cinéma qui est à Saint-Denis, j’ai fait du court métrage, je suis pas arrivé. C’est pas parce que je m’appelle Olivier Dacourt qu’on m’a ouvert les portes. Ça, ça existe pas ça.

J’ai fait aussi une formation à Harvard l’année dernière. Me dire que ouais je viens d’Aulnay sous Bois et que c’est possible. Personne ne l’a fait et bien moi je vais le faire. Il n’y a pas un sportif, Il n’y a pas un footballeur français qui a fait BAM, c’est Business Entertainment média and sport. Et c’est dur quand tu as 35 ans. Je me rappelle quand j’ai fait Limoges, t’as 35 ans, tu repars dans les études, tu vas à la bibliothèque, tu vois des gamins qui ont 17 ans, ton cerveau c’est pas le même. La concentration, tu commences à piquer, mais à un moment, si mes enfants voient ça, tu dis attends, mon père, son âge, il va quand même. Et il poursuit.

Dans mon court métrage « Je suis pas un singe » j’esplique aux jeunes de passer des diplômes. Pourquoi ? Vous avez été, vous avez la légitimité d’avoir joué au foot, donc on vous respecte pour votre carrière de footballeur. La crédibilité c’est de se former. Passé, allez vous former ? C’est un métier, c’est un nouveau métier. Allez vous former ? N’attendez pas, on ne va pas venir vous chercher. C’est la différence. C’est que toute notre vie, les gens sont toujours venus. Quand ça s’arrête, qu’il faut aller taper, pas avoir peur, faut taper. Et ouais, mais c’est trop important, c’est dur, c’est comme l’Everest. Ah ouais, c’est haut jamais j’y arriverai. Commence déjà par faire les premiers pas. Marche un petit peu. Tu vas voir que tu seras à la moitié de l’Everest tu l’auras pas vu.

Regarde pas ce que font les autres. C’est pas ton problème, ça sert à rien. Dans la Bible, c’est marqué les derniers seront les premiers.

Steves

J’adore ce que tu as dit et ça c’est la leçon 3 :  la formation. Personnellement j’ai un jeune client qui voulait être payé 100 000 € l’heure pour une séance de consulting. C’est un jeune, il a 20 ans. Je lui ai dit mais toi, tu as fait quoi dans ta vie pour avoir ça ? Tu as quelle expérience dans ta vie ? Il me répond, c’est parce que je suis très fort dans ce que je dis, ok ? Mais tu as fait quoi concrètement pour demander 100 000 € l’heure de consulting ? Il me répond qu’il a vu des documentaires et qu’il s’est renseigné sur le domaine. Quelques jours plus tard je lui fait rencontrer un expert dans le domaine. Et là douche froide, il se rend compte qu’il ne connait absolument rien dans le domaine. D’ou l’importance de la formation. 

Olivier Dacourt

C’est la base.

Steves

Toi, comment tu fais pour progresser ? Et si j’ai une chose à retenir, c’est que toi, ton leitmotiv, c’était la progression toujours utile dans ta vie.

Olivier Dacourt

Mais mais toujours parce que. Parce que rien n’est rien n’est acquis. Tu dois aller le chercher, tu n’as pas le choix. Je ne sais pas moi, tu veux t’améliorer en tant qu’homme.

Steves

J’ai remarqué que ceux qui ont réussi c’est plutôt dans Ils ont noté 6 différents points et j’appelle ça la méthode Steve. C’est le storytelling. Oui, c’est un tableau de vision, c’est l’entrevue, le réseau que tu crées autour de toi, les gens que je rencontre. La façon de s’exprimer, donc l’expression. Donc quel est ton attitude ? Là par exemple, on ne voit pas trop, mais Olivier, c’est la personne la plus drôles de la terre que je connaisse.

Olivier Dacourt

On parle d’éducation, mais le plus grand héritage qu’on laisse à nos enfants, c’est l’éducation et le respect. C’est un passeport pour la vie. Mais quand je dis éducation, c’est « bonjour », « s’il vous plaît », « merci ». Une personne âgée, elle est debout tu lui laisse ta place. Mais tout ça, on me l’a transmet et moi c’est comme ça que l’on me l’a transmis. Je le donne à mes enfants, mes petits enfants.

Steves

Parce que du coup tu rayonnes à travers ça, tu vois. Et je trouve que ces cinq points, ça forme un symbole. Moi c’est mon chapeau, c’est mon symbole, toi c’est le bonnet.

Olivier Dacourt

Moi, je suis toujours en bonnet ou j’ai toujours un bonnet, une casquette ou un truc ou après c’est parce que parce que je ne veux pas qu’on m’embête et je ne veux passer inaperçu. Mais c’est pour cette raison que je trouve que l’humilité c’est super important. C’est très important parce que pour savoir où on veut aller, il faut savoir d’où on vient. Et si on perd ça, on est mort un jour, la chute va être terrible. Si on perd le ou les sens de la réalité, on est mort.

Steves

C’est hyper beau ce que tu dis et je pense que tu veux qu’on attire les gens. Enfin moi j’ai travaillé, c’est là que j’ai travaillé, c’est des valeurs chez moi, j’ai fait comme tu viens de me l’expliquer, mais c’est des valeurs chez moi, dans ma société, c’est l’audace, l’authenticité et la bienveillance, c’est les trois clés.

Olivier Dacourt

C’est très cool, c’est très bien.

Steves

Et tous les gens que je recrute, tous les gens qui sont autour de moi, c’est des gens audacieux.

Olivier Dacourt

Il faut être audacieux, c’est très bien, J’aime beaucoup l’audace et l’authenticité aussi. Il faut être vrai. Il ne faut pas essayer de ressembler à au voisin. On a une personnalité avec des qualités, avec des défauts. Moi quand je vois une personne, si elle a quelques défauts, mais si ses qualités premières sont beaucoup mieux. Je suis pas là pour le changer, je ne suis pas là pour le changer. Si sa qualité première, c’est qu’il est bienveillant. Il est gentil et serviable, il est disponible. C’est ça le plus important après le reste, je vais m’adapter. Est ce que c’est important la fidélité à moi même ? Est-ce que je suis en phase avec moi-même ?

Son travail tu le tiens. Ma tête apporte que ta petite pierre à l’édifice et c’est important. C’est c’est une équipe.

Steves

Mon caméra man et monteur, tu sais ce que je lui ai dit en fait ? Je lui dis. J’aimerais l’accompagner parce qu’il a un talent. Quand il est venu, il m’a dit qu’il souhaitais travailler avec moi toute la journée. Il est venu le mec, on avait un entretien, mais son audace c’est de rester toute la journée avec moi. Et il a dit Ok, là on filme et je te montre. En fait, on a filmé, il aurait pu aller chez lui. Est ce que j’ai apprécié ? On a filmé là, tac tac. Il avait une opportunité, il a monté, il est venu me voir. On a eu un problème technique, il y a un problème de son. Il a dit Ok, je vais rester jusqu’au bout. Donc je suis me suis dit ce mec à de l’audace, il a envie. J’ai eu une journée, le pauvre, j’ai enchainé le rendez vous, il est resté jusqu’au bout jusqu’à 19 h et après on a retourné après aussi. Ce mec là il est motivé.

Olivier Dacourt

Mais si t’es pas motivé, d’entrée. Si d’entrée tu commences à peine, t’es pas motivé, mais dans six mois tu seras au bout de ta vie. Et c’est ce que je reproche aux nouvelles générations, ce qu’ils arrivent, ils veulent déjà gagner le même temps, la même somme d’argent que le directeur. Ça fait 25 ans qu’il est là.

Apprends, regarde. Tu sais, Oui / Non. Non, tu sais pas. Apprends. Regarde, il y a un temps pour tout.

Steves

Ce qui m’amène à notre dernier point qui est le cocktail des excuses. Ce serait quoi pour toi le cocktail des excuses que les gens t’ont sorti sur toi et carrière ?

Olivier Dacourt

Oh mais là si je commence à raconter ça… on a failli me censurer. Si je commence à me censurer, on a failli me mettre sur la touche plusieurs fois. Honnêtement, si j’avais écouté les gens, j’aurais pas fait carrière, j’aurais pas joué au foot, j’aurais pas fait plein de choses. Moi, je me rappelle, une fois on m’a déjà dit « il sort de son cocotier ».

Ma mère m’avait dit, je parle souvent de ma mère, c’est ma mère qui m’a élevée. Mais elle m’avait dit : Et tu penses que tu vas leur laisser ta place ? Mais ils vont être contents, ils ont raison alors. Si tu veux rentrer, tu rentres en Guadeloupe. Je te prends, lieutenant. Mais c’est facile quand même, non ? Dès qu’il y a un peu de dès qu’il y a une montagne qui se met devant toi, ta t’arrêtes. C’est ça ?

Steves

Merci pour cette interview. J’ai appris énormément de choses. S’il y a une chose que je retiendrais de cette interview, c’est que le travail est la clé. Travail + passion et bienveillance = la clé de la réussite

Olivier Dacourt

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